Trente ans après la dernière épidémie, le retour du choléra inquiète au Liban

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Le choléra avait disparu du Liban depuis 1993. Mais depuis un mois, la maladie refait surface. D’abord cantonnée aux camps de réfugiés du nord du pays, où se concentrent un peu plus d’un million de Syriens, elle s’est propagée à une vitesse phénoménale et touche désormais d’autres régions du pays. Dans le pays du Cèdre, en proie à une profonde crise économique, les ONG redoutent que le système de santé, déjà à genoux, ne puisse prendre en charge la vague épidémique.

On le croyait éradiqué depuis près de 30 ans : le choléra fait son retour au Liban. Si l’épidémie s’est un temps concentrée dans les camps de réfugiés syriens dans le nord du pays, la maladie mortelle s’est désormais propagée. Les ONG tirent la sonnette d’alarme et peinent à contenir la propagation alors que le pays est toujours plongé dans un profond marasme économique.

Cette première épidémie de choléra dans le pays depuis 1993 s’est d’abord déclarée dans la Syrie voisine. Le premier cas y a été enregistré le 10 septembre et, selon l’OMS, plus de 20 000 cas suspects de diarrhée aqueuse aiguë et 75 décès avaient déjà été comptabilisés à la mi-octobre.

Contaminations exponentielles

L’épidémie s’est ensuite rapidement propagée au nord du Liban, avec un premier cas signalé le 6 octobre, là où vivent environ 1,5 million de Syriens qui ont fui leur pays en guerre. Les camps de réfugiés syriens, notamment ceux du gouvernorat de l’Akkar et celui de Baalbek-Hermel ont été les premiers touchés. Et pour cause : la plupart des réfugiés syriens au Liban vivent dans la plus grande pauvreté et leurs conditions de vie se sont dégradées avec la grave crise économique que traverse le pays.

Mais rapidement, l’épidémie se propage dans tout le territoire : « Il y a une accélération de la propagation de l’épidémie », a alerté mercredi 19 octobre le ministre libanais de la Santé, Firas Abiad, lors d’une conférence de presse à Beyrouth. « La grande majorité des cas sont des réfugiés syriens », a-t-il expliqué. « Mais nous avons commencé à remarquer une hausse des cas parmi les Libanais ». Les cas confirmés de choléra ont grimpé à près de 450 personnes contaminées et dix décès ont été répertoriés, selon le ministère de la Santé.

Selon MSF, citant les chiffres du ministère de la Santé Publique, environ 20 % des personnes contaminées seraient libanaises. Une propagation prévisible, selon Bertrand Bainvel, directeur régional adjoint de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, pour qui « le choléra ne connaît pas les frontières et les lignes de contrôle. Il se propage au gré des mouvements de population, y compris les déplacements, » précise-t-il dans un communiqué.