Les crises économiques et politiques que traverse le Liban depuis plusieurs années ont eu des répercussions dramatiques sur la vie des enfants.
Les quartiers les plus pauvres de Beyrouth sont les plus touchés et les enfants qui y vivent souffrent particulièrement de la pauvreté, de la violence et de la précarité. Les difficultés rencontrées par le pays ont entraîné une forte détérioration de la santé mentale des populations vulnérables, comme l’a révélé une étude menée en 2021 par le Mouvement Social Libanais* à la suite de l’explosion survenue sur le port de Beyrouth. Cette étude a montré que 83 % des enfants interrogés souffraient de troubles du sommeil, 86 % avaient des problèmes de concentration et 90 % avaient développé des troubles dépressifs.
Depuis septembre 2021, le projet Solidarité Liban accompagne les enfants en détresse du Liban.
Solidarité Liban : un projet pour aider les enfants en situation de vulnérabilité
Cela fait presque 2 ans que le projet Solidarité Liban a été créé. Il regroupe, à ce jour, près de 404 parrains et donateurs et 978 440 € ont été récoltés. L’objectif global du projet est de contribuer à augmenter la résilience des communautés vulnérables touchées par les crises libanaises au travers d’activités de soutien plurisectorielles.
Grâce au soutien des marraines, des parrains, des donatrices et des donateurs, le projet continu de financer des actions qui redonnent l’espoir aux enfants dans la détresse :
- soutien psychosocial grâce à des psychologues et des psychiatres.
- séances de soutien scolaire,
- séances d’orthophonie pour les élèves en situation de vulnérabilité
- accompagnement des plus âgés pour accéder à des formations professionnelles adaptées à leurs envies, besoins et compétences.
Le Mouvement Social propose également des séances autour de la parentalité positive, la protection des enfants étant au cœur de sa mission sociale.
Des centres communautaires pour accueillir les enfants
Le Mouvement Social Libanais gère trois centres communautaires d’accueil à Beyrouth dans les quartiers de Jnah, Bourj hammoud et Sin El Fil où le taux de précarité est élevé, et où les services publics manquent.
Ces centres, constitués d’une équipe d’éducateurs, de psychologues et d’assistantes sociales accompagnent les enfants et leur famille.
Malgré la crise et leurs propres difficultés familiales et personnelles, les acteurs de l’aide sociale libanaise font preuve d’une énergie remarquable pour accompagner sans relâche ces enfants plongés dans une grande pauvreté, et privés d’école depuis 3 mois consécutivement à une grève des écoles publiques. En réaction, des cours de rattrapage et du soutien scolaire en mathématiques et français pour deux classes de primaires ont été mis en place dans le centre situé à Sin El Fil.
Les enfants sont pris en charge par le réseau très spécialisé : TRACES. Ainsi, des psychologues et des psychanalystes assurent la prise en charge des souffrances infantiles graves comme celles provoquées par la guerre, la torture ou la violence politique. Le réseau accompagne aussi le personnel soignant du MSL et prodigue des conseils dans le cadre de la prise en charge de leurs patients.
Dans le cadre du projet Solidarité Liban, quatre praticiens de l’association TRACES se sont rendus sur place, pendant 3 jours, pour échanger avec leurs homologues libanais du MSL.
Prochainement, les psychologues libanais du MSL se rendront en France auprès de l’association TRACES pour poursuivre ce travail de capitalisation de compétences.
La directrice de PARTAGE en visite au Liban
En février dernier, la directrice générale de PARTAGE, Yolaine Guérif, s’est rendue au Liban pour rencontrer le Mouvement Social et constater les activités, les soins et l’accompagnement en faveur des bénéficiaires.
Sa visite, réalisée dans ce contexte inédit, s’est articulée dans un premier temps autour de l’évaluation externe (amélioration et appréciation des résultats obtenus) du programme par deux consultantes. Les retours ont été positifs, notamment sur le volet de l’éducation.
Parallèlement, des recommandations ont été prodiguées concernant la prise en charge psychologique des salariés du MSL, très touchés par la situation des enfants, mais également sur l’aide à apporter aux soignants.
La visite a aussi été marquée par un temps d’échanges avec la directrice du MSL ; celui-ci a permis de dresser un bilan de la collaboration, d’aborder des enjeux stratégiques et structurels et de chercher des axes d’amélioration. Une discussion avec l’équipe a pu avoir lieu sur les difficultés liées à la fermeture des écoles et la recrudescence du travail des enfants des familles en grande détresse financière que cela a entraîné.
Le MSL a notamment mis en place un système d’urgence de protection des enfants en cas de maltraitance physique ou psychologique.
Dans le centre de Jnah, la thématique de la parentalité positive a été abordée, tout particulièrement avec les mères, ainsi qu’une sensibilisation sur les châtiments corporels et la bonne pédagogie à adopter.
« Ce séjour au Liban avec le Mouvement Social Libanais (MSL), dans les quartiers de Jnah, Sin el fil et Bourj hammoud, m’a rempli d’énergie et de force ! J’ai ressenti une grande fierté de pouvoir participer à ce beau projet au service de ces enfants du Liban et de Syrie qui comptent sur nous ! J’ai aussi vécu un moment fort aux côtés de l’équipe lors d’un échange très riche entre psychologues de France et du Liban autour des questions que soulève la prise en charge de personnes exilées ou les victimes de violences politiques. Merci à Traces et au MSL de m’avoir ouvert les portes de cet espace incroyable. »
Yolaine Guérif, directrice de PARTAGE
*Le Mouvement Social Libanais, partenaire de PARTAGE depuis 1993, soutient et facilite l’accès des enfants et des familles en grande vulnérabilité à l’autonomie et à la citoyenneté.