- Le Liban s’apprête à commémorer un funeste anniversaire.
- Le 4 août 2020, une explosion ravageait le port de Beyrouth, faisant 215 morts et plus de 6000 blessés.
- Depuis, le pays s’enfonce dans une crise sans précédent, dont les premières victimes, sont les enfants.
Il y a deux ans, un hangar de la zone portuaire de Beyrouth, rempli de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, explosait. Un drame qui a fait 215 morts et 6500 blessés. Alors que le Liban s’apprête à commémorer ce triste anniversaire, le 4 août prochain, la situation du pays est plus fragile que jamais. Depuis 2019, cet État du Moyen-Orient est frappé par une crise économique sans précédent, avec 80% de sa population qui vit désormais sous le seuil de pauvreté de l’ONU.
Une descente aux enfers qui a empiré avec la guerre en Ukraine, d’où le Liban importe habituellement 80% de son blé et qui plonge la population dans l’insécurité alimentaire. Parmi les premières victimes de la crise libanaise : les enfants. Aujourd’hui dans le pays, un sur trois est obligé de se coucher le soir en ayant sauté au moins un repas.
Une génération entière qui n’est pas nourrie à sa faim
Les Libanais comptent ainsi sur l’aide alimentaire et les scènes de chaos se multiplient pour tenter d’obtenir quelques précieux paquets. Dans la foule, il y a Santa et son bébé d’un an. Avec l’explosion des prix au Liban et les pénuries en cascade, elle n’arrive plus à se procurer de lait en poudre. Une boîte coûte six fois plus chère qu’avant la crise. La famille n’a plus les moyens d’en acheter. « Mon mari est militaire. La moitié de son salaire sert à payer le loyer et l’autre moitié, c’est pour l’essence et la bonbonne de gaz », témoigne la mère de famille dans notre reportage du 13H de TF1 en tête de cet article.
Ce qui inquiète surtout, ce sont les carences alimentaires des plus jeunes. « Lorsqu’un enfant ne reçoit pas un apport régulier en calcium, il va être un adulte avec des déficiences intellectuelles. Donc aujourd’hui, est-ce que le Liban peut se permettre d’avoir une génération entière qui n’est pas nourrie à sa faim ? » s’indigne Maya Ibrahimcha, présidente de l’association Beit el Baraka. Au Liban, huit familles sur dix sont désormais obligées de faire appel aux dons pour s’en sortir.
L’école devenue trop cher
La crise libanaise a également mis à terre le système éducatif du pays. De nombreux enfants ne peuvent ainsi plus se rendre à l’école quotidiennement. C’est le cas de ceux de Soline. « Je vais en classe, le lundi, le mardi et le jeudi », explique l’un d’eux. 70% des écoles libanaises étant privées, la mère de famille ne sait plus comment payer la scolarité de ses enfants. « C’est un très grave problème. On est arrivés à un moment où on ne peut plus payer l’école. Il y en a tellement qui ont augmenté les frais de scolarité, alors que nos salaires, eux, avec la dévaluation, ne valent plus rien », se désole-t-elle.