Réouverture partielle des banques au Liban sur fond de crise économique

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De longues files d’attente étaient visibles, lundi 26 septembre, devant plusieurs banques au Liban. Certaines avaient rouvert après une semaine de fermeture à la suite d’une série de braquages de clients voulant retirer leurs économies bloquées.

Association des banques du Liban a fait savoir que cette réouverture des banques se feraient en capacité limitée pour servir en priorité les entreprises, les établissements éducatifs et les hôpitaux. Les distributeurs automatiques sont, eux, disponibles « pour tous les clients », afin de permettre aux secteurs public et privé de transférer les salaires de leurs employés.

Depuis l’automne 2019, les établissements financiers au Liban ont imposé des restrictions draconiennes à leurs clients, sans aucun cadre légal, empêchant les retraits et les virements importants, en particulier en dollars. Les déposants n’ont accès qu’au compte-gouttes à leurs économies, dont la valeur s’est effondrée.

Sept banques ont été braquées ce mois-ci, dont cinq durant la seule journée du 16 septembre. Plusieurs banques se barricadent à présent derrière des panneaux de métal. Cette série de braquages n’est qu’une illustration de l’effondrement économique du pays qui est en défaut de paiement depuis 2020. Les épargnants sont les premiers à essuyer les pertes colossales du secteur bancaire, estimées à 72 milliards de dollars. La réouverture des banques fait donc office de test.

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Chute de la monnaie, inflation et pauvreté généralisée

Depuis 2019, la monnaie nationale s’est dépréciée d’environ 95% de sa valeur sur le marché noir par rapport au billet vert et la dette publique atteint aujourd’hui plus de 150% et 170% du PIB national.

La flambée des prix s’est aussi installée dans le pays. De plus, le Liban importe environ les quatre cinquièmes de ce qu’il consomme, ce qui traduit de graves lacunes de l’appareil productif. Environ 80% de la population a plongé dans la pauvreté. Responsables politiques et financiers, jugés corrompus et incompétents, refusent toujours d’assumer ce désastre.

Une ébauche de plan de relance, prévoyant notamment une restructuration du secteur bancaire, a été approuvée en mai dernier par l’exécutif, mais il est encore aujourd’hui loin de faire l’unanimité auprès des banquiers, d’une partie des épargnants et de la classe politique, dont certains représentants siègent au conseil d’administration des établissements financiers. Ce plan de relance prévoit de faire porter à ces derniers l’essentiel des pertes, tout en protégeant les petits épargnants.

Une réforme du secret bancaire, en vigueur dans le pays depuis 1956, a aussi été adoptée le 26 juillet dernier par le Parlement sous une forme très édulcorée. D’autres mesures urgentes se font toujours attendre.

Une aide de 3 milliards de dollars du FMI très attendue

Une délégation du Fonds monétaire international se trouvait la semaine passée au Liban pour rencontrer plusieurs responsables locaux. Au programme : l’accélération du processus de mise en œuvre des réformes prioritaires que le Liban doit lancer pour espérer décrocher une aide de 3 milliards de dollars. Ce lundi, le Parlement libanais a adopté un budget pour l’année 2022, qui était l’une des principales conditions du FMI.

Mais cette aide sera-t-elle efficace ? Les opinions divergent, et beaucoup craignent que cet argent ne reste entre les mains de l’appareil étatique. En attendant, des centaines d’épargnants se sont tournés vers la justice internationale et plusieurs actions ont été lancées par des clients à l’étranger. Un premier jugement a été rendu en février au Royaume-Uni en faveur d’un homme d’affaires libano-britannique qui a réussi à faire condamner deux banques libanaises. S’appuyant sur le droit libanais, la Haute Cour de justice a réclamé aux deux établissements un transfert international au bénéfice du plaignant équivalant à près de 4 millions de dollars, mais le coût de ces procédures s’élève à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Sources : Par :Anne Verdaguer Réouverture partielle des banques au Liban sur fond de crise économique – Aujourd’hui l’économie (rfi.fr)